kilomètres de pourtour, à sept ou huit mille du continent. Entre l’île du Levant, large table de pierre rase abandonnée aux tirs de la flotte, et l’île de Porquerolles, plus étendue, plus rapprochée de la terre ferme, habitée et en partie exploitée, Port-Cros se dresse dans sa grâce altière. Elle commence à se civiliser depuis quatre ou cinq ans ; depuis qu’un homme de goût, un lettré, séduit par la poésie de cette inconnue, s’en est rendu acquéreur et défriche à nouveau les champs cultivés jadis par les moines de Saint-Honorat ; on me dit, hélas ! qu’un service de courriers assure aujourd’hui des communications régulières avec Toulon, amène des profanes. À l’époque peu éloignée dont je vous parle, la venue d’un vapeur sur la rade de Port-Cros était un événement ; l’île appartenait à un marchand de biens ; désespérant d’en tirer parti, ce sage négociant l’avait restituée depuis longtemps au libre travail de la nature.
Vous entendriez mal les notes intimes et les lettres que je vais vous lire si vous n’aviez pas quelque idée des lieux auxquels elles font allusion ; pour ma part, je ne puis séparer les deux destinées que vous voulez connaître du cadre où tout semblait commander la figure