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aube.

formes, aux aciers des armes. Tout était mouvement, bruissement, éclat, ondes de clartés et de sonorités lointaines ; tout respirait la gaîté grisante, l’allégresse martiale de ces joies brèves sur les grands meurtriers sévères. Quelle puissance de vertige a le plaisit, quand il se déchaîne une heure dans ces ateliers de science et de mort, suspend des guirlandes de roses aux bouches des canons géants, tressaute sur les cales où dorment des monceaux de poudre ! Quand la femme, maîtresse un instant du domaine interdit, apporte son sourire chez les moines, envahit leurs étroites cellules, joue de ses mains étonnées avec leurs engins farouches, amollit de sa grâce cette grandeur indulgente ! Rien n’exalte l’homme comme ces fêtes militaires à bord des vaisseaux : plus frêle et plus tentante parmi ces rudesses, enivrée des musiques, de l’air trop vif, de la lumière trop éblouissante, la femme semble une proie toute offerte en folie, prête à fuir avec les maîtres de l’espace vers ces libres horizons, dans la fascination complice qui émane de la beauté du cadre, dans la fureur de vie chaude qui monte de la mer ensoleillée.

Je regardai Jean : maussade et ennuyé au