Page:Vogüé - Jean d Agrève, 1898.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
67
aube.

Corniche, étrangères et Parisiennes de grand vol, amenées par les yachts de Cannes ou de Nice. Groupée sur des affûts à l’arrière, la coterie de la haute vie regardait danser les aspirants et les jeunes filles, attendant que l’amiral vînt offrir son salon pour organiser une petite sauterie « entre soi ». À l’apparition de Jean, ce ne fut qu’un cri dans tout ce clan. — Comment ? Lui ! le transfuge ! Pas possible ! Ici, d’Agrève, venez vous confesser ! Qui vous a enlevé ? Où est-elle ?

Il me parut que mon compagnon répondait froidement à ces agaceries et qu’il se dérobait pour causer avec des camarades. Occupé moi-même par des connaissances de qui je voulais prendre congé, je le perdis de vue.

Quand je le rejoignis, l’après-midi s’avançait. Le soleil déclinait derrière les pins de la presqu’île de Giens : ses rayons rasants enfilaient le pont de la Triomphante, incendiaient les cristaux, empourpraient les fruits et les feuillages sur la longue table que les matelots dressaient à l’arrière. L’amiral fit interrompre les danses et pria ses invitées de s’asseoir au lunch qui devait être pour les plus pressés le signal du départ. Un appel de clairon rassem-