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aube.

encore quand l’inconnue se tourna vers nous, redressant sa taille cambrée sur la lisse. Souple et svelte, sa personne brisait à ce moment le faisceau lumineux que le soleil plongeant dardait sur l’arrière du navire. Debout dans cette gloire d’apothéose, détachée sur le globe rouge, elle était vêtue de la clarté vermeille. Sa robe rose baignait dans ce feu liquide ; il semblait couler de l’épaisse chevelure, tordue négligemment en un seul nœud sur la nuque : des cheveux blonds fulgurants, dont les tons clairs et chauds faisaient songer à un rayon de miel bruni par places. Quelques boucles, chassées sur le col par la brise, étaient d’un or si pâle qu’elles continuaient sans transition les grappes de mimosa pendantes de la capote : un chapeau de paille légère où elle avait épinglé les fleurs communes de la saison, rameaux de mimosa et bouquets de violettes. Le coloris ambré du visage et de la gorge gardait un reflet de l’opulent diadème qui chargeait cette petite tête au modelé délicat. Les traits, fins et réguliers, empruntaient une expression énigmatique à deux grands yeux étrangement graves, étrangement fixes sous l’arc volontaire des sourcils ; leur calme profondeur