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jean d’agrève.

les vérités trop évidentes : aphorismes sur l’élévation de la température, la mort inévitable, les inconvénients de la presse, la cherté croissante de la vie.

Ce salon est l’un des bureaux d’esprit et de sentiment où quelques Parisiens de marque font chaque jour, entre cinq et sept, la cote des idées courantes, comme les agents de change font à la Bourse, entre midi et trois, la cote des valeurs demandées. Les gens pressés, et tous le sont à Paris, passent là quelques instants, entre le Bois et le club, entre une course d’affaires et une corvée mondaine, pour contrôler, affiner et poinçonner dans ce milieu distingué la somme d’aperçus qu’ils ont recueillie en lisant le journal du matin.

Les habitués de l’aimable parlote venaient de « s’expliquer » abondamment sur Tristan et Iseut. Une partie de la société s’était transportée à Bruxelles, l’avant-veille, pour entendre au théâtre de la Monnaie le drame wagnérien. D’où le sujet à l’ordre du jour. Tout chauds de leurs impressions, les revenants de Belgique discutaient l’œuvre musicale et le vieux trésor de poésie qui en a fourni le thème. Naturellement, la conversation avait