Page:Vogüé - Jean d Agrève, 1898.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
84
jean d’agrève.

après notre promenade nocturne ? — Pourquoi parlait-elle si peu, durant cette promenade ? Elle ne disait rien et je l’entendais constamment, comme on entend la parole intérieure de la mer calme. — Si je plonge sans donner signe de vie, après ma promesse de visite, comment me jugeront-elles ? Un matelot mal élevé, un fat qui veut se faire désirer, un serin qui tremble pour sa vertu : il n’y a pas d’autres qualifications. Et je serai encore plus mal noté sur les papiers du grand chef : l’amiral paraissait désireux de complaire à ces dames ; elles lui diront que je dédaigne ses amies, qu’elles ne sont pas assez gratin pour moi… Il a horreur des officiers à prétentions, il appuie déjà assez mollement ma demande d’un bateau. — Ah ! le subtil logicien que tu fais, Satan, toujours inventif en ingénieuses raisons ! — Je ne m’arrêterai pas à Hyères. Je filerai sur Toulon.

16 mars. — Je ne suis pas allé à Toulon. L’express de Cannes passait, je l’ai pris. J’ai fait là une tournée de visites, au grand étonnement des bonnes amies : elles croyaient à un retour de l’enfant prodigue ; j’ai relancé au cercle et sur la Croizette tous les profes-