de ces abominables comédies ? Il eſt
vrai que très-ſouvent j’ai été tentée
d’en voir au moins une, pour ſavoir
ſi cela eſt auſſi criminel qu’on le dit ;
peut-être même que ſi ma curioſité
était ſatisfaite, je ſerais pour jamais
délivrée de cette tentation. J’ai entendu
dire par le précepteur d’un petit
frere que j’avais, que les démoniens (6)
pour inſpirer aux jeunes gens l’horreur
du vin, leur montraient un homme
ivre : il en doit être de même de la
comédie : qui en voit une, ne doit
plus être tenté d’en voir. Comment
pourrions-nous faire pour y aller, &
que mes femmes & mes gens ne le
ſuſſent pas ? Nous pourrions, je penſe,
aller au jardin du Luxembourg. Nous
entrerions par la petite porte, & nous
ſortirions par la cour du château. Mes
gens, ni mes chevaux ne s’appercevraient
de rien.
Ce petit projet d’indévotion fut exécuté avec toute la prudence conve-