Page:Voiture - Œuvres, t. 2, éd. Ubicini, 1855.djvu/317

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Dès longtemps je connois sa rigueur infinie ;
Mais pensant aux beautés, pour qui je dois périr,
Je bénis mon martyre, et content de mourir,
Je n’ose murmurer contre sa tyrannie.

Quelquefois ma raison par de ibibles discours
M’incite à la révolte et me promet secours ;
Mais lorsqu’à mon besoin je me veux servir d’elle,

Après beaucoup de peine et d’efforts impuissants,
Elle dit qu’Uranie est seule aimable et belle,
Et m’y rengage plus que ne font tous mes sens.


XIX.

Belles fleurs,dont je vois ces jardins embellis. Chastes nymphes, l’amour, et le soin de l’aurore. Innocentes beautés que le soleil adore, Dont l’éclat rend la terre et les cieux anoblis :

Allez rendre l’hommage au beau teint de Philis ; Nommez-la votre reine, et confessez encore Qu’elle est plus éclatante et plus belle que Flore, Lorsqu’elle a plus d’œillets, de roses et de lis.

Quittez donc sans regret ces lieux et vos racines. Pour voir une beauté dont les grâces divines Blessent les cœurs des dieux d’inévitables coups ;

Et ne vous fâchez point, si vous mourez pour elle : Aussi bien la cruelle Fera bientôt mourir tout le monde après vous.


XX.


L’autre jour, au palais des cieux,
En une fête solennelle.
Où la triomphante Cybèle,
Traitoit ensemble tous les dieux :