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Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/124

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LES RUINES.

liers qui, la lance sur l’épaule, les accompagnent et les guident. Je reconnais même à leurs chevaux en laisse, à leurs kalpaks, à leurs touffes de cheveux, que ce sont des Tartares ; et sans doute ceux qui les poursuivent, coiffés d’un chapeau triangulaire et vêtus d’uniformes verts, sont des Moscovites. Ah ! je le comprends, la guerre vient de se rallumer entre l’empire des tsars et celui des sultans. » — Non, pas encore, répliqua le Génie. Ce n’est qu’un préliminaire. Ces Tartares ont été et seraient encore des voisins incommodes, on s’en débarrasse ; leur pays est d’une grande convenance, on s’en arrondit ; et pour prélude d’une autre révolution, le trône des Cuérais est détruit. »

Et en effet, je vis les étendards russes flotter sur la Krimée ; et leur pavillon se déploya bientôt sur l’Euxin.

Cependant aux cris des Tartares fugitifs, l’empire des Musulmans s’émut. « On chasse nos frères ! s’écrièrent les enfants de Mahomet : on outrage le peuple du Prophète ! des infidèles occupent une terre consacrée, et profanent les temples de l’Islamisme. Armons-nous ; courons aux combats pour venger la gloire de Dieu et notre propre cause. »

Et un mouvement général de guerre s’établit dans les deux empires. De toutes parts on assembla des hommes armés, des provisions, des munitions, et tout l’appareil meurtrier des combats