fléchit qu’à force de bassesses… Ah ! c’est maintenant que j’ai reconnu le mensonge de l’homme ! En voyant le tableau qu’il a tracé de la Divinité, Je me suis dit : Non, non, ce n’est point Dieu qui a fait l’homme à son image, c’est l’homme qui a figuré Dieu sur la sienne ; il lui a donné son esprit, l’a revêtu de ses penchants, lui a prêté ses jugements… Et lorsqu’en ce mélange il s’est surpris contradictoire à ses propres principes, affectant une humilité hypocrite, il a taxé d’impuissance sa raison, et nommé mystère de Dieu les absurdités de son entendement.
« Il a dit : Dieu est immuable, et il lui a adressé des vœux pour le changer. Il l’a dit incompréhensible, et il l’a sans cesse interprété.
« Il s’est élevé sur la terre des imposteurs qui se sont dits confidents de Dieu, et qui, s’érigeant en docteurs des peuples, ont ouvert des voies de mensonge et d’iniquité : ils ont attaché des mérites à des pratiques indifférentes ou ridicules ; ils ont érigé en vertu de prendre certaines postures, de prononcer certaines paroles, d’articuler de certains noms ; ils ont transformé en délit, de manger de certaines viandes, de boire certaines liqueurs à tels jours plutôt qu’à tels autres. C’est le Juif qui mourrait plutôt que de travailler un jour de sabbat ; c’est le Perse qui se laisserait suffoquer avant de souffler le feu de son haleine ; c’est l’Indien qui place la suprême perfection à se frotter de