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Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/132

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LES RUINES.

hommes, sur le blanc comme sur le noir sur le juif, sur le musulman, sur le chrétien et sur l’idolâtre ; qui fait prospérer les moissons là où des mains soigneuses les cultivent ; qui multiplie toute nation chez qui règnent l’industrie et l’ordre ; qui fait prospérer tout empire où la justice est pratiquée, où l’homme puissant est lié par les lois, où le pauvre est protégé par elles, où le faible vit en sûreté, où chacun enfin jouit des droits qu’il tient de la nature et d’un contrat dressé avec équité.

« Voilà par quels principes sont jugés les peuples ! voilà la vraie religion qui régit le sort des empires, et qui, de vous-mêmes, Ottomans, n’a cessé de faire la destinée ! Interrogez vos ancêtres ! demandez-leur par quels moyens ils élevèrent leur fortune, alors qu’idolâtres, peu nombreux et pauvres, ils vinrent des déserts tartares camper dans ces riches contrées ; demandez si ce fut par l’islamisme, jusque-là méconnu par eux, qu’ils vainquirent les Grecs, les Arabes, ou si ce fut par le courage, la prudence, la modération, l’esprit d’union ; vraies puissances de l’état social. Alors le sultan lui-même rendait la justice et veillait à la discipline ; alors étaient punis le juge prévaricateur, le gouverneur concussionnaire, et la multitude vivait dans l’aisance : le cultivateur était garanti des rapines du janissaire ; et les campagnes prospéraient ; les routes publiques étaient assurées,