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Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/137

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CHAPITRE XII.

ils leur permettent tout brigandage. En un lieu, ils intentent un procès à un homme riche, et le dépouillent sur un faux prétexte ; en un autre, ils apostent de faux témoins, et imposent une contribution pour un délit imaginaire : partout ils excitent la haine des sectes, provoquent leurs délations pour en retirer des avanies ; ils extorquent les biens, frappent les personnes ; et quand leur avarice imprudente a entassé en un monceau toutes les richesses d’un pays, le gouvernement, par une perfidie exécrable, feignant de venger le peuple opprimé, attire à lui sa dépouille dans celle du coupable, et verse inutilement le sang pour un crime dont il est complice.

« Ô scélérats ! monarques ou ministres, qui vous jouez de la vie et des biens du peuple ! est-ce vous qui avez donné le souffle à l’homme, pour le lui ôter ? est-ce vous qui faites naître les produits de la terre pour les dissiper ? fatiguez-vous à sillonner le champ ? endurez-vous l’ardeur du soleil et le tourment de la soif, à couper la moisson, à battre la gerbe ? veillez-vous à la rosée nocturne comme le pasteur ? traversez-vous les déserts comme le marchand ? Ah ! en voyant la cruauté et l’orgueil des puissants, j’ai été transporté d’indignation, et j’ai dit dans ma colère : Eh quoi ! il ne s’élèvera pas sur la terre des hommes qui vengent les peuples et punissent les tyrans ! Un petit nombre de brigands dévorent la multitude,