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Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/156

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LES RUINES.

CHAPITRE XV.



Le siècle nouveau.

À peine eut-il achevé ces mots, qu’un bruit immense s’éleva du côté de l’occident ; et, y tournant mes regards, j’aperçus à l’extrémité de la Méditerranée, dans le domaine de l’une des nations de l’Europe, un mouvement prodigieux ; tel qu’au sein d’une vaste cité, lorsqu’une sédition violente éclate de toutes parts, on voit un peuple innombrable s’agiter et se répandre à flots dans les rues et les places publiques. Et mon oreille, frappée de cris poussés jusqu’aux cieux, distingua par intervalles ces phrases :

« Quel est donc ce prodige nouveau ? quel est ce fléau cruel et mystérieux ? Nous sommes une nation nombreuse, et nous manquons de bras ! nous avons un sol excellent, et nous manquons de denrées ! nous sommes actifs, laborieux, et nous vivons dans l’indigence ! nous payons des tributs énormes, et l’on nous dit qu’ils ne suffisent pas ! nous sommes en paix au dehors, et nos personnes et nos biens ne sont pas en sûreté au dedans ! Quel est donc l’ennemi caché qui nous dévore ? »