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LES RUINES.

venus qui renient leurs parents ; voyez ces recrues plébéiennes qui se croient des vétérans illustres ! Et ce fut une rumeur de risée.

Pour la détourner, quelques hommes astucieux s’écrièrent : Peuple doux et fidèle, reconnaissez l’autorité légitime : le Roi veut, la loi ordonne.

le peuple.

Classe privilégiée, courtisans de la fortune, laissez les rois s’expliquer : les rois ne peuvent vouloir que le salut de l’immense multitude, qui est le peuple ; la loi ne saurait être que le vœu de l’équité.

Alors les privilégiés militaires dirent : La multitude ne sait obéir qu’à la force, il faut la châtier. Soldats, frappez ce peuple rebelle !

le peuple.

Soldats ! vous êtes notre sang ! frapperez-vous vos parents, vos frères ? Si le peuple périt, qui nourrira l’armée ?

Et les soldats, baissant les armes, dirent : Nous sommes aussi le peuple, montrez-nous l’ennemi ! Alors les privilégiés ecclésiastiques dirent : Il n’y a plus qu’une ressource : le peuple est superstitieux, il faut l’effrayer par les noms de Dieu et de religion.

Nos chers frères ! nos enfants ! Dieu nous a établis pour vous gouverner.