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LES RUINES.

amphithéâtre immense, cette nation s’y assit tout entière pour entendre la publication de la loi. Et des millions d’hommes, levant à la fois les bras vers le ciel, firent le serment solennel de vivre libres et justes ; de respecter leurs droits réciproques, leurs propriétés ; d’obéir à la loi et à ses agents régulièrement préposés.

Et ce spectacle si imposant de force et de grandeur, si touchant de générosité, m’émut jusqu’aux larmes ; et m’adressant au Génie : « Que je vive maintenant, lui dis-je, car désormais je puis espérer. »


CHAPITRE XVIII.



Effroi et conspiration des tyrans.

Cependant, à peine le cri solennel de l’égalité et de la liberté eut-il retenti sur la terre, qu’un mouvement de trouble et de surprise s’excita au sein des nations ; et d’une part la multitude émue de désir, mais indécise entre l’espérance et la crainte, entre le sentiment de ses droits et l’habitude de ses chaînes, commença de s’agiter ; d’autre part, les rois réveillés subitement du sommeil de l’indolence et du despotisme, craignirent de voir renverser leurs trônes ; et partout ces classes de ty-