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CHAPITRE XX.

rée des sens, soutient qu’elles ne sont qu’un effet des organes auxquels elles sont liées, et avec qui elles périssent, comme le son avec l’instrument. Là, le Siamois, aux sourcils rasés, l’écran talipat à la main, recommande l’aumône, les expiations, les offrandes ; et cependant il croit au destin aveugle et à l’impassible fatalité. Le hochang chinois sacrifie aux âmes des ancêtres ; et près de lui le sectateur de Confutzée cherche son horoscope dans des fiches jetées au hasard, et dans le mouvement des cieux. Cet enfant, environné d’un essaim de prêtres à robes et à chapeaux jaunes, est le grand Lama, en qui vient de passer le dieu que le Tibet adore. Un rival s’est élevé pour partager ce bienfait avec lui ; et sur les bords du lac Baikal, le Calmouque a aussi son dieu comme l’habitant de La-sa ; mais d’accord en ce point important, que Dieu ne peut habiter qu’un corps d’homme, tous deux rient de la grossièreté de l’Indien, qui honore la fiente de la vache, tandis qu’eux consacrent les excréments de leur poutife.

Après ces drapeaux, une foule d’autres que l’œil ne pouvait dénombrer, s’offrant encore à nos regards : « Je ne terminerais point, dit le Génie, si je te détaillais tous les systèmes divers de croyance qui partagent encore les nations. Ici les hordes tartares adorent, dans des figures d’animaux, d’oiseaux et d’insectes, les bons et les mauvais génies, qui, sous un dieu principal, mais in-