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LES RUINES.

et commun ; que chacun expose sa croyance, et que tous devenant le juge de chacun, cela seul soit reconnu vrai, qui l’est pour le genre humain. »

Alors la parole ayant été déférée par ordre de position au premier étendard de la gauche : Il n’est pas permis de douter, dirent les chefs, que notre doctrine ne soit la seule véritable, la seule infaillible. D’abord elle est révélée de Dieu même…

Et la nôtre aussi, s’écrièrent tous les autres étendards ; il n’est pas permis d’en douter.

Mais du moins faut-il l’exposer, dit le législateur ; car l’on ne peut croire ce que l’on ne connaît pas.

Notre doctrine est prouvée, reprit le premier étendard, par des faits nombreux, par une multitude de miracles, par des résurrections de morts, des torrents mis à sec, des montagnes transportées, etc.

Et nous aussi, s’écrièrent tous les autres, nous avons une foule de miracles ; et ils commencèrent chacun à raconter les choses les plus incroyables.

Leurs miracles, dit le premier étendard, sont des prodiges supposés ou des prestiges de l’esprit malin, qui les a trompés.

Ce sont les vôtres, répliquèrent-ils, qui sont supposés ; et chacun parlant de soi, dit : Il n’y a que les nôtres de véritables ; tous les autres sont des faussetés.