font quatre, cela les ferait-il davantage être quatre ?
Non, répondirent-ils tous.
Et si vous mouriez pour prouver qu’ils font cinq, cela les ferait-il être cinq ?
Non, dirent-ils tous encore.
Eh bien ! que prouve donc votre persuasion, si elle ne change rien à l’existence des choses ? La vérité est une, vos opinions sont diverses ; donc plusieurs de vous se trompent. Si, comme il est évident, ils sont persuadés de l’erreur, que prouve la persuasion de l’homme ?
Si l’erreur a ses martyrs, où est le cachet de la vérité ?
Si l’esprit malin opère des miracles, où est le caractère distinctif de la Divinité ?
Et d’ailleurs, pourquoi toujours des miracles incomplets et insuffisants ? Pourquoi, au lieu de ces bouleversements de la nature, ne pas changer plutôt les opinions ? Pourquoi tuer les hommes ou les effrayer, au lieu de les instruire et de les corriger ?
Ô mortels crédules, et pourtant opiniâtres ! nul de nous n’est certain de ce qui s’est passé hier, de ce qui se passe aujourd’hui sous ses yeux, et nous jurons de ce qui s’est passé il y a deux mille ans.
Hommes faibles et pourtant orgueilleux ! les lois de la nature sont immuables et profondes,