ce ciel nous tient pour coupables, nous a en horreur, pourquoi nous distribue-t-il les mêmes biens qu’à vous ? Et s’il nous traite avec tolérance, quel droit avez-vous d’être moins indulgents ? Hommes pieux, qui parlez de Dieu avec tant de certitude et de confiance, veuillez nous dire ce qu’il est : faites-nous comprendre ce que sont ces êtres abstraits et métaphysiques que vous appelez Dieu et ame, substance sans matière, existence sans corps, vie sans organes ni sensations. Si vous connaissez ces êtres par vos sens ou par leur réflexion, rendez-nous-les de même perceptibles, que si vous n’en parlez que sur témoignage et par tradition, montrez-nous un récit uniforme, et donnez à notre croyance des bases identiques et fixes. »
Alors il s’éleva entre les théologiens une grande controverse sur Dieu et sur sa nature ; sur sa manière d’agir et de se manifester ; sur la nature de l’ame et son union avec le corps ; sur son existence avant les organes, ou seulement depuis leur formation ; sur la vie future et sur l’autre monde : et chaque secte, chaque école, chaque individu différant sur tous ces points, et motivant son dissentiment de raisons plausibles, d’autorités respectables, et cependant opposées, ils tombèrent tous dans un labyrinthe inextricable de contradictions.
Alors le législateur ayant réclamé le silence, et ramenant la question à son premier but : « Chefs