Aller au contenu

Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
LES RUINES.

fils clandestin (nocturne) de la vierge Minerve, lequel, dans toute l’histoire de sa vie et même de sa mort, retrace l’histoire du dieu des chrétiens, c’est-à-dire de l’astre du jour, dont ils sont tous les deux l’emblème. »

À ces mots, un grand murmure s’éleva de la part des groupes chrétiens : mais les musulmans, les lamas, les Indiens les rappelèrent à l’ordre, et l’orateur achevant son discours :

« Vous savez maintenant, dit-il, comment le reste de ce système se composa dans le chaos et l’anarchie des trois premiers siècles ; comment une foule d’opinions bizarres partagèrent les esprits, et les partagèrent avec un enthousiasme et une opiniâtreté réciproques, parce que, fondées également sur des traditions anciennes, elles étaient également sacrées. Vous savez comment, après trois cents ans, le gouvernement s’étant associé à l’une de ses sectes, en fit la religion orthodoxe, c’est-à-dire dominante, à l’exclusion des autres, lesquelles, par leur infériorité, devinrent des hérésies ; comment et par quels moyens de violence et de séduction cette religion s’est propagée, accrue, puis divisée et affaiblie ; comment, six cents ans après l’innovation du christianisme, un autre système se formera encore de ses matériaux et de ceux des juifs, et comment Mahomet sut se composer un empire politique et théologique aux dépens de ceux de Moïse et des vicaires de Jésus