Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
LES RUINES.

la chair et la graisse des victimes ; et, sous le manteau de la piété, vous dévorez les offrandes des dieux, qui ne mangent point, et la substance des peuples, qui travaillent. »

« Et vous, répliquèrent les brames, les bonzes, les chamans, vous vendez aux vivants crédules de vaines prières pour les âmes des morts ; avec vos indulgences et vos absolutions, vous vous êtes arrogé la puissance et les fonctions de Dieu même ; et faisant un trafic de ses grâces et de ses pardons, vous avez mis le ciel à l’encan, et fondé, par votre système d’expiation, un tarif de crimes qui a perverti toutes les consciences. »

« Ajoutez, dirent les imans, que ces hommes ont inventé la plus profonde des scélératesses : l’obligation absurde et impie de leur raconter les secrets les plus intimes des actions, des pensées, des velléités (la confession) ; en sorte que leur curiosité insolente a porté son inquisition jusque dans le sanctuaire sacré du lit nuptial, dans l’asile inviolable du cœur. »

Alors de reproche en reproche, les docteurs des différents cultes commencèrent à révéler tous les délits de leur ministère, tous les vices cachés de leur état ; et il se trouva que chez tous les peuples l’esprit des prêtres, leur système de conduite, leurs actions, leurs mœurs étaient absolument les mêmes ;

Que partout ils avaient composé des associa-