« Jusqu’à ce jour l’Europe a présenté un spectacle affligeant de grandeur apparente et de misère réelle : on n’y comptait que des maisons de princes et des intérêts de famille ; les nations n’y avaient qu’une existence accessoire et précaire. On possédait un empire comme des troupeaux ; pour les menus plaisirs d’une fête, on ruinait une contrée ; pour les pactes de quelques individus, on privait un pays de ses avantages naturels ; la paix du monde dépendait d’une pleurésie, d’une chute de cheval ; l’Inde et l’Amérique étaient plongées dans les calamités de la guerre pour la mort d’un enfant, et les rois, se disputant son héritage, vidaient leur querelle par le duel des nations. »
Il finit par proposer un décret remarquable qui se terminait par ces mots :
« La nation française s’interdit dès ce moment d’entreprendre aucune guerre tendante à accroître son territoire. »
Cette proposition fait honneur au patriotisme éclairé de Volney, et l’assemblée se hâta d’en consacrer le principe dans la loi qui intervint. Ce fut cette même année que, sur la proposition de Mirabeau, on s’occupa de la vente des domaines nationaux ; Volney publia dans le Moniteur quelques réflexions où il pose ces principes :
« La puissance d’un État est en raison de sa population ; la population est en raison de l’abon-