toujours eu les sentiments d’un fils, parce qu’elle lui avait montré dans plusieurs occasions la sollicitude d’une mère.
Volney avait signalé son retour d’Égypte par la publication de son Voyage ; on s’attendait généralement à voir paraître la relation de celui qu’il venait de faire en Amérique : cette espérance fut en partie déçue.
À l’époque de l’affranchissement des États-Unis, cette belle contrée attirait l’attention générale ; chacun, fasciné par l’enthousiasme de la liberté, y voyait un pays naissant, mais déjà riche à son aurore de tous les fruits de l’âge mûr. C’était, suivant la plupart, le modèle de tout gouvernement ; mais suivant Volney ce n’était qu’une séduisante chimère. Il avait tout vu en homme impartial ; il était revenu riche de remarques neuves, d’observations savantes : il conçut le plan d’un grand ouvrage où il aurait observé la crise de l’indépendance dans toutes ses phases, où il aurait traité successivement des diverses opinions qui partagent les Américains, de la politique de leur nouveau gouvernement, de l’extension probable des États malgré leur division sur quelques points ; enfin il aurait cherché à faire sentir l’erreur romanesque des écrivains modernes, qui appellent peuple neuf et vierge une réunion d’habitants de la vieille Europe, Allemands, Hollandais et surtout Anglais des trois royaumes. Mais cet