voya en présent un superbe attelage qu’il refusa ; quelques semaines après, il lui fit offrir par un de ses aides-de-camp le ministère de l’Intérieur. « Dites au premier consul, répondit Volney, qu’il est beaucoup trop bon cocher pour que je puisse m’atteler à son char. Il voudra le conduire trop vite, et un seul cheval rétif pourrait faire aller chacun de son côté le cocher, le char et les chevaux. »
Malgré cette indépendance de caractère que le consul n’était pas accoutumé à trouver dans ceux qui l’entouraient, Volney continua près de deux ans à être admis dans son intimité ; il ne tarda pas à s’apercevoir cependant que l’austérité de son langage commençait à déplaire, et qu’on voulait surtout en écarter cette familiarité qu’on avait accueillie jusqu’alors. Un jour que dans une discussion importante et secrète le côté avantageux d’une mesure avait été trop vanté, et l’intérêt de l’humanité beaucoup trop négligé : « C’est encore de la cervelle qu’il y a là ! » s’écria Volney en mettant la main sur le cœur du premier consul.
On a cru généralement que leur rupture avait éclaté à l’occasion de l’influence que le premier consul se préparait à rendre au clergé. Il est certain que Volney lui fit quelques observations sur la nécessité d’une extrême circonspection dans cette mesure ; mais si ces observations furent reçues froidement, on peut assurer que le consul dissimula une partie du mécontentement qu’elles