rant qu’il faut tout vous restituer, l’homme réfléchi néglige de se charger de vaines grandeurs, d’inutiles richesses : il retient son cœur dans les bornes de l’équité ; et cependant, puisqu’il faut qu’il fournisse sa carrière, il emploie les instants de son existence, et use des biens qui lui sont accordés. Ainsi vous jetez un frein salutaire sur l’élan impétueux de la cupidité ; vous calmez l’ardeur fiévreuse des jouissances qui troublent les sens ; vous reposez l’ame de la lutte fatigante des passions ; vous l’élevez au-dessus des vils intérêts qui tourmentent la foule ; et de vos sommets, embrassant la scène des peuples et des temps, l’esprit ne se déploie qu’à de grandes affections, et ne conçoit que des idées solides de vertu et de gloire. Ah ! quand le songe de la vie sera terminé, à quoi auront servi ses agitations, si elles ne laissent la trace de l’utilité ?
Ô ruines ! je retournerai vers vous prendre vos leçons ! je me replacerai dans la paix de vos solitudes ; et là, éloigné du spectacle affligeant des passions, j’aimerai les hommes sur des souvenirs ; je m’occuperai de leur bonheur, et le mien se composera de l’idée de l’avoir hâté.