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Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/87

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CHAPITRE IV.

Tu vois cet empire dans le terrain sillonné qui fuit à nos regards sous un plan obliquement courbé. Sur ces bords, ces langues déchirées et ces points épars sont les presqu’îles et les îles des peuples Malais, tristes possesseurs des parfums et des aromates. Ce triangle qui s’avance au loin dans la mer, est la presqu’île trop célèbre de l’Inde. Tu vois le cours tortueux du Gange, les âpres montagnes du Tibet, le vallon fortuné de Kachemire, les déserts salés du Persan, les rives de l’Euphrate et du Tigre, et le lit encaissé du Jourdain, et les canaux du Nil solitaire… »

« — Ô Génie ! dis-je en l’interrompant, la vue d’un mortel n’atteint pas à ces objets dans un tel éloignement… » Aussitôt, m’ayant touché la vue, mes yeux devinrent plus perçants que ceux de l’aigle ; et cependant les fleuves ne me parurent encore que des rubans sinueux ; les montagnes, des sillons tortueux, et les villes que de petits compartiments semblables à des cases d’échecs.

Et le Génie m’indiquant du doigt les objets : « Ces monceaux, me dit-il, que tu aperçois dans l’aride et longue vallée que sillonne le Nil, sont les squelettes des villes opulentes dont s’enorgueillissait l’ancienne Éthiopie ; voilà cette Thèbes aux cent palais, métropole première des sciences et des arts, berceau mystérieux de tant d’opinions qui régissent encore les peuples à leur insu. Plus bas, ces blocs quadrangulaires sont les pyramides