Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/134

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Cependant, à peine le cri solemnel de l’égalité et de la liberté eut-il retenti sur la terre, qu’un mouvement de trouble et de surprise s’excita au sein des nations ; et d’une part la multitude émue de desir, mais indécise entre l’espérance et la crainte, entre le sentiment de ses droits et l’habitude de ses chaînes, commença de s’agiter ; d’autre part les rois réveillés subitement du sommeil de l’indolence et du despotisme, craignirent de voir renverser leurs trônes ; et par tout ces classes de tyrans civils et sacrés, qui trompent les rois et oppriment les peuples, furent saisies de rage et d’effroi ; et tramant des desseins perfides : " malheur à nous, dirent-ils, si le cri funeste de la liberté parvient à l’oreille de la multitude ! Malheur à nous, si ce pernicieux esprit de justice se propage "… et voyant flotter l’étendard : " concevez-vous l’essaim de maux renfermés


dans ces seules paroles ? Si tous les hommes sont égaux, où sont nos droits exclusifs d’honneurs et de puissance ? Si tous sont ou doivent être libres, que deviennent nos esclaves, nos serfs, nos propriétés ? Si tous sont égaux dans l’état civil,