Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/138

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Ainsi parla le législateur ; et la multitude, saisie de ce mouvement qu’inspire d’abord toute proposition raisonnable, ayant applaudi, les tyrans, restés sans appui, demeurèrent confondus. Alors s’offrit à mes regards une scène d’un genre étonnant et nouveau : tout ce que la terre compte de peuples et de nations, tout ce que les climats produisent de races d’hommes divers, accourant de toutes parts, me sembla se réunir dans une même enceinte ; et là, formant un immense congrès, distingué en groupes par l’aspect varié des costumes, des traits du visage, des teintes de la peau, leur foule innombrable me présenta le spectacle le plus extraordinaire et le plus attachant. D’un côté, je voyois l’européen, à l’habit court et serré, au chapeau pointu et triangulaire, au menton rasé, aux cheveux blanchis de poudre ; de l’autre, l’asiatique, à la robe traînante, à la longue barbe, à la tête rase, et au turban rond. Ici, j’observois les peuples africains,


à la peau d’ébène, aux cheveux laineux, au corps ceint de pagnes blancs et bleus, ornés de brasselets et de