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Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/182

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ses passions sont muettes ; il ne desire rien ; il ne s’attache à rien ; il médite ans cesse ma doctrine ; il souffre patiemment les injures ; il n’a point de haine contre son prochain. " le ciel et la terre périront, dit Fôt : méprisez donc votre corps composé des quatre élémens périssables, et ne songez qu’à votre ame immortelle. " n’écoutez pas la chair : les passions produisent la crainte et le chagrin : étouffez les passions ; vous détruirez la crainte et le chagrin. " celui qui meurt sans avoir embrassé ma religion, dit Fôt, revient parmi les hommes jusqu’à ce qu’il la pratique ". Le lama allait continuer, lorsque les chrétiens,


rompant le silence, s’écrièrent que c’était leur propre religion quel’on altérait ; que Fôt n’était que Jesus lui-même défiguré, et que lamas n’étaient que des nestoriens et des manichéens déguisés et abâtardis. Mais le lama, soutenu de tous les


chamans, bonzes, gonnis, talapoins de Siam, de Ceylan, du Japon, de la Chine, prouva


aux chrétiens, par leurs auteurs mêmes, que la doctrine des samanéens était répandue dans tout l’orient plus de mille ans avant le christianisme ; que leur nom était cité dès avant l’époque d’Alexandre, et que Boutta ou Beddou était mentionné antérieurement à Jésus. Et rétorquant contre eux leur prétention : prouvez-nous maintenant, leur dit-il, que vous-mêmes n’êtes pas des sam