vous avez inventé les sacrifices et les libations pour attirer à vous le lait des troupeaux, la chair et la graisse des victimes ; et, sous le manteau de la piété, vous dévorez les offrandes des dieux, qui ne mangent point, et la substance des peuples qui travaillent. Et vous, répliquèrent les brames, les bonzes,
les chamans, vous vendez aux vivans crédules
de vaines prières pour les ames des morts ; avec
vos indulgences et vos absolutions, vous
vous êtes arrogé la puissance et les fonctions de
Dieu même ; et faisant un trafic de ses graces et de
ses pardons, vous avez mis le ciel à l’encan,
et fondé, par votre système d’expiations, un
tarif de crimes, qui a perverti toutes les
consciences.
Ajoutez, dirent les imams, que ces hommes
ont inventé la plus profonde des scélératesses :
l’obligation absurde et impie de leur raconter
les secrets les plus intimes des actions, des
pensées, des velléités (la confession) ; en
sorte que leur curiosité insolente a porté son
inquisition
jusque dans le sanctuaire sacré du lit nuptial,
dans l’asile inviolable du cœur.
Alors, de reproche en reproche, les docteurs des
différens cultes commencèrent à révéler tous les
délits de leur ministère, tous les vices cachés
de leur état ; et il se trouva que chez tous les
peuples l’esprit des prêtres, leur système de
conduite, leurs actions, leurs mœurs, étaient
absolument les mêmes ;
que par tout ils avaient composé des