Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/26

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INVOCATION


Je vous salue, ruines solitaires, tombeaux saints, murs silencieux ! C’est vous que j’invoque ; c’est à vous que j’adresse ma prière. Oui ! Tandis que votre aspect repousse d’un secret effroi les regards du vulgaire, mon cœur trouve à vous contempler le charme de sentimens profonds et de hautes pensées. Combien d’utiles leçons, de réflexions touchantes ou fortes n’offrez-vous pas à l’esprit qui vous sait consulter ! C’est vous qui, lorsque la terre entière asservie se taisait devant les tyrans, proclamiez déjà les vérités qu’ils détestent, et qui, confondant la dépouille des rois à celle du dernier esclave, attestiez le saint dogme de l’égalité. C’est dans votre enceinte, qu’amant solitaire de la liberté, j’ai vu m’apparaître son génie, non tel que se le peint un vulgaire insensé, armé de torches et de poignards, mais sous l’aspect auguste de la justice, tenant en ses