Aller au contenu

Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

verselle ; et chacun y répondant diversement, les uns disaient oui, d’autres disaient non ; ceux-ci, que cela était probable ; ceux-là, que la question était oiseuse, ridicule ; et d’autres, que cela était bon à savoir : et ce fut une discordance générale. Après quelque tems, le législateur ayant rétabli le silence : peuples, dit-il, expliquez-nous ce problème. Je vous ai proposé plusieurs questions, sur lesquelles vous avez tous été d’accord, sans distinction de race ni de secte : hommes blancs, hommes noirs, sectateurs de Mahomet ou de Moïse, adorateurs de Beddou ou de Jésus, vous avez tous fait la même réponse. Je vous en propose une autre ; et vous êtes tous discordans ! pourquoi cette unanimité dans un cas, et cette discordance dans un autre ? Et le groupe des hommes simples et sauvages, prenant la parole, répondit : la raison en est simple : dans le premier cas, nous voyons, nous


sentons les objets ; nous en parlons par sensation : dans le second, ils sont hors de la portée de nos sens ; nous n’en parlons que par conjecture. Vous avez résolu le problème, dit le législateur : ainsi, votre propre aveu établit cette première vérité : que toutes les fois que les objets peuvent être soumis à vos sens, vous êtes d’accord dans votre prononcé ; et que vous ne différez d’opinion, de sentiment, que quand les objets sont absens et hors de votre