Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/31

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était jonchée de semblables débris, de corniches, de chapiteaux, de fûts, d’entablemens, de pilastres, tous de marbre blanc, d’un travail exquis. Après trois quarts d’heure de marche le long de ces ruines, nous entrâmes dans l’enceinte d’un vaste édifice, qui fut jadis un temple dédié au soleil ; et je pris l’hospitalité chez de pauvres paysans arabes, qui ont établi leurs chaumières sur le parvis même du temple ; et je résolus de demeurer pendant quelques jours pour considérer en détail la beauté de tant d’ouvrages. Chaque jour je sortais pour visiter quelqu’un des monumens qui couvrent la plaine ; et un soir que, l’esprit occupé de réflexions, je m’étais avancé jusqu’à la vallée des sépulcres, je montai sur les hauteurs qui la bordent, et d’où l’œil domine à la fois l’ensemble des ruines et l’immensité du désert. -le soleil venait de se coucher ; un bandeau rougeâtre marquait encore sa trace à l’horizon lointain des monts de la Syrie : la pleine lune à l’orient s’élevait sur un fond bleuâtre, aux planes rives de l’Euphrate ; le ciel était pur, l’air calme et serein ; l’éclat mourant du jour tempérait l’horreur des ténèbres ; la fraîcheur naissante de la nuit calmait les feux de la terre embrasée ; les pâtres avaient retiré leurs chameaux ; l’œil n’apercevait plus aucun mouvement sur la plaine monotone et grisâtre ; un vaste silence régnait sur le désert ; seulement à de longs intervalles l’on entendait les lugubres cris de quelques oiseaux de nuit et de quelques chacals… l’