Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/33

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Ici, me dis-je, ici fleurit jadis une ville opulente : ici fut le siége d’un empire puissant. Oui ! Ces lieux maintenant si déserts, jadis une multitude vivante animait leur enceinte ; une foule active circulait dans ces routes aujourd’hui solitaires. En ces murs où règne un morne silence, retentissaient sans cesse le bruit des arts et les cris d’allégresse et de fête : ces marbres amoncelés formaient des palais réguliers ; ces colonnes abattues ornaient la majesté des temples ; ces galeries écroulées dessinaient les places publiques. Là, pour les devoirs respectables de son culte, pour les soins touchans de sa subsistance, affluait un peuple nombreux : là, une industrie créatrice de jouissances appelait les richesses de tous les climats ; et l’on voyait s’échanger la pourpre de Tyr pour le fil précieux de la Sérique ; les tissus moëlleux de Kachemire pour les tapis fastueux de la Lydie ; l’ambre de la Baltique pour les perles et les parfums arabes ; l’or d’Ophir pour l’étain de Thulé…