Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/37

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miracles ? Pourquoi donc ces races privilégiées ne jouissent-elles plus des mêmes faveurs ? Pourquoi ces terres sanctifiées par le sang des martyrs, sont-elles privées des bienfaits anciens ? Pourquoi en sont-ils comme bannis et transférés depuis tant de siècles à d’autres nations, en d’autres pays ?… et à ces mots, mon esprit suivant le cours des vicissitudes, qui ont tour à tour transmis le sceptre du monde à des peuples si différens de cultes et de mœurs, depuis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’Europe, ce nom d’une terre natale réveilla en moi le sentiment de la patrie ; et tournant vers elle mes regards, j’arrêtai toutes mes pensées sur la situation où je l’avais quittée. Je me rappelai ses campagnes si richement cultivées, ses routes si somptueusement tracées, ses villes habitées par un peuple immense, ses flottes répandues sur toutes les mers, ses ports couverts des tributs de l’une et de l’autre Inde ; et comparant à l’activité de son commerce, à l’étendue de sa navigation, à la richesse de ses monumens, aux arts et à l’industrie de ses habitans, tout ce que l’égypte et la Syrie purent jadis posséder de semblable, je me plaisais à retrouver la splendeur passée de l’Asie dans l’Europe moderne : mais bientôt le charme de ma rêverie fut flétri par un dernier terme de comparaison. Réfléchissant que telle avait été jadis l’activité des lieux que je contemplais : qui