Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/40

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le prestige qui fascine tes sens ! Si ton cœur est capable de comprendre le langage du raisonnement, interroge ces ruines ! Lis les leçons qu’elles te présentent !… et vous, témoins de vingt siècles divers, temples saints ! Tombeaux vénérables ! Murs jadis glorieux, paraissez dans la cause de la nature même ! Venez au tribunal d’un sain entendement déposer contre une accusation injuste ! Venez confondre les déclamations d’une fausse sagesse ou d’une piété hypocrite, et vengez la terre et les cieux de l’homme qui les calomnie " ! Quelle est-elle, cette aveugle fatalité, qui, sans règle et sans lois, se joue du sort des mortels ? Quelle est cette nécessité injuste qui confond l’issue des actions, et de la prudence, et de la folie ? En quoi consistent ces anathêmes célestes sur ces contrées ? Où est cette malédiction divine qui perpétue l’abandon de ces campagnes ? Dites, monumens des tems passés ! Les cieux ont-ils changé leurs lois, et la terre sa marche ? Le soleil a-t-il éteint ses feux dans l’espace ? Les mers n’élèvent-elles plus leurs nuages ? Les pluies et les rosées demeurent-elles fixées dans les airs ? Les montagnes retiennent-elles leurs sources ? Les ruisseaux se sont-ils taris ? Et les plantes sont-elles privées de semences et de fruits ? Répondez, race de mensonge et d’iniquité, Dieu a-t-il troublé cet ordre primitif et constant qu’il assigna lui-même à la nature ? Le ciel a-t-il dénié à la terre, et la terre à ses habitans, les biens que jadis ils leur accordèrent ? Si rien n’a changé dans la création, si les mêmes