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Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/78

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tyrans, une nation, pour diminuer les sources de ses maux, se donna un seul maître ; et alors, si elle limita les pouvoirs du prince, il n’eut d’autre desir que de les étendre ; et si elle les laissa indéfinis, il abusa du dépôt qui lui était confié ; et, sous le nom de monarchie, les états furent tourmentés par les passions des rois et des princes. Alors des factieux profitant du mécontentement des esprits, flattèrent le peuple de l’espoir


d’un meilleur maître ; ils répandirent les dons, les promesses ; renversèrent le despote pour s’y substituer ; et leurs disputes pour la succession ou pour le partage, tourmentèrent les états des désordres et des dévastations des guerres civiles. Enfin, parmi ces rivaux, un individu plus habile ou plus heureux, prenant l’ascendant, concentra en lui toute la puissance : par un phénomène bizarre, un seul homme maîtrisa des millions de ses semblables contre leur gré ou sans leur aveu, et l’art de la tyrannie naquit encore de la cupidité. En effet, observant l’esprit d’égoïsme qui sans cesse divise tous les hommes, l’ambitieux le fomenta adroitemen : il flatta la vanité de l’un, aiguisa la jalousie de l’autre, caressa l’avarice de celui-ci, enflamma le ressentiment de celui-là, irrita les passions de tous ; opposant les intérêts ou les préjugés, il sema les divisions et les haines, promit au pauvre la dépouille du riche, au riche l’asservissement du pauvre, menaça un homme par un homme, une classe