leur étaient propres, perdirent l’esprit de personnalité qui causait leur énergie. Et les despotes, considérant les empires comme des domaines, et les peuples comme des propriétés, se livrèrent aux déprédations et aux déréglemens de l’autorité la plus arbitraire. Et toutes les forces et les richesses des nations furent détournées à des dépenses particulières, à des fantaisies personnelles ; et les rois, dans les ennuis de leur satiété, se livrèrent à tous les
goûts factices et dépravés ; il leur fallut des
jardins suspendus sur des voûtes, des fleuves élevés
sur des montagnes : ils changèrent des campagnes
fertiles en parcs pour des fauves, creusèrent des
lacs dans les terrains secs, élevèrent des rochers
dans des lacs, firent construire des palais de
marbre et de porphyre, voulurent des ameublemens
d’or et de diamans : et des
millions de bras furent employés à des travaux
stériles : et le luxe des princes imité par leurs
parasites, et transmis de grade en grade jusqu’aux
derniers rangs, devint une source générale de
corruption et d’appauvrissement.
Et, dans la soif insatiable des jouissances, les
tributs ordinaires ne suffisant plus, ils furent
augmentés ; et le cultivateur voyant accroître sa
peine sans indemnité, perdit le courage ; et le
commerçant se voyant dépouillé, se dégoûta de