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Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/87

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Ainsi parla le génie : frappé de la justesse et de la cohérence de tout son discours ; assailli d’une foule d’idées, qui, en choquant mes habitudes, captivaient cependant ma raison, je demeurai absorbé dans un profond silence… mais tandis que, d’un air triste et rêveur, je


tenais les yeux fixés sur l’Asie, soudain, du côté du nord, aux rives de la mer Noire, et dans les champs de la Krimée, des tourbillons de fumée et de flammes attirèrent mon attention : ils semblaient s’élever à la fois de toutes les parties de la presqu’île : puis, ayant passé par l’isthme dans le continent, ils coururent comme chassés d’un vent d’ouest, le long du lac fangeux d’Azof, et furent se perdre dans les plaines herbageuses du Kouban ; et considérant de plus près la marche de ces tourbillons, je m’aperçus qu’ils étaient précédés ou suivis de pelotons d’êtres mouvans, qui, tels que des fourmis ou des sauterelles troublées par le pied d’un passant, s’agitaient avec vivacité : quelquefois ces pelotons semblaient marcher les uns vers les autres, et se heurter ;