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DE C.-F. VOLNEY

soucieux de l’avenir, il allait avec défiance chez un peuple libre, voir si un ami sincère de cette liberté profanée trouverait pour sa vieillesse un asile de paix, dont l’Europe ne lui offrait plus l’espérance. »

Mais à peine arrivé en Amérique, après une longue et pénible traversée, loin de se livrer à un repos nécessaire et qu’il semblait y être venu chercher, Volney, toujours avide d’instruction, ne put résister à la vue du vaste champ d’observations qui s’ouvrait devant lui. Il s’était depuis longtemps persuadé de cette vérité, qu’il n’est rien de si difficile que de parler avec justesse du système général d’un pays ou d’une nation, et qu’on ne peut le faire qu’en observant et voyant par soi-même. Il se mit donc en devoir d’explorer cette nouvelle contrée, comme douze années auparavant il avait traversé les pays d’Orient, c’est-à-dire, presque toujours à pied et sans guide. Ce fut ainsi qu’il parcourut successivement toutes les parties des États-Unis, étudiant le climat, les lois, les habitants, les mœurs, et lisant dans le grand livre de la nature les divers changements opérés par la force toute-puissante des siècles.

Le grand Washington, le libérateur des États-Unis, le guerrier patriote qui avait préféré la liberté de son pays à de vains honneurs, Washington ne pouvait voir avec indifférence l’auteur des Ruines ; aussi le reçut-il avec distinction, et lui donna-t-il