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NOTICE SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

fondies, et qui n’étaient à ses yeux que des éléments préparatoires aux cours qu’il se proposait de faire. La suppression de cette école déjà célèbre vint interrompre ses travaux.

Libre alors, mais fatigué des secousses journalières d’une politique orageuse, tourmenté du désir d’être utile lors même qu’on lui en était les moyens, Volney sentit renaître en lui cette passion qui dans sa jeunesse l’avait conduit en Égypte et en Syrie. L’Amérique devenue libre marchait à pas de géant vers la civilisation : c’était sans doute un sujet digne de ses observations ; mais, en entreprenant ce nouveau voyage, il était agité de sentiments bien différents de ceux qui l’avaient jadis conduit en Orient.

« En 1785, nous dit-il lui-même, il était parti de Marseille, de plein gré, avec cette alacrité, cette confiance en autrui et en soi qu’inspire la jeunesse ; il quittait gaiement un pays d’abondance et de paix, pour aller vivre dans un pays de barbarie et de misère, sans autre motif que d’employer le temps d’une jeunesse inquiète et active à se procurer des connaissances d’un genre neuf, et à embellir par elles le reste de sa vie d’une auréole de considération et d’estime.

« En 1795, au contraire, lorsqu’il s’embarquait au Havre, c’était avec le dégoût et l’indifférence que donnent le spectacle et l’expérience de l’injustice et de la persécution. Triste du passé,