Page:Voltaire - Œuvres complètes, Beuchot, Tome 33, 1829.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sois venu, comme vos majestés, passer le carnaval à Venise.

Les cinq autres rois écoutèrent ce discours avec une noble compassion. Chacun d’eux donna vingt sequins au roi Théodore pour avoir des habits et des chemises ; Candide lui fit présent d’un diamant de deux mille sequins. Quel est donc, disaient les cinq rois, cet homme qui est en état de donner cent fois autant que chacun de nous, et qui le donne ? Êtes-vous roi aussi, monsieur ? — Non, messieurs, et n’en ai nulle envie.

Dans l’instant qu’on sortait de table, il arriva dans la même hôtellerie quatre altesses sérénissimes qui avaient aussi perdu leurs états par le sort de la guerre, et qui venaient passer le reste du carnaval à Venise ; mais Candide ne prit pas seulement garde à ces nouveaux venus. Il n’était occupé que d’aller trouver sa chère Cunégonde à Constantinople.



CHAPITRE XXVII.

Voyage de Candide à Constantinople.

Le fidèle Cacambo avait déjà obtenu du patron turc qui allait reconduire le sultan Achmet à Constantinople qu’il recevrait Candide et Martin sur son bord. L’un et l’autre s’y rendirent après s’être prosternés devant sa misérable hautesse. Candide, chemin fesant, disait à Martin : Voilà pourtant six rois détrônés