Cette voix d’un vieillard qui nourrit votre enfance
Quelquefois de Zulime obtint plus d’indulgence.
Bénassar votre père espérait aujourd’hui
Que mes soins plus heureux pourraient vous rendre à lui.
A son cœur ulcéré que faut-il que j’annonce ?
Porte-lui mes soupirs et mes pleurs pour réponse ;
C’est tout ce que je puis ; et c’est t’en dire assez.
Vous pleurez, vous, Zulime ! et vous le trahissez !
Je ne le trahis point. Le destin qui l’outrage
Aux cruels Turcomans livrait son héritage ;
Par ces brigands nouveaux pressé de toutes parts,
De Trémizène en cendre il quitta les remparts ;
Et, quel que soit l’objet du soin qui me dévore,
J’ai suivi son exemple.
Hélas ! suivez-le encore.
Il revient ; revenez, dissipez tant d’ennuis :
Remplissez vos devoirs, croyez-moi.
Je ne puis.
Vous le pouvez. Sachez que nos tristes rivages
Ont vu fuir à la fin nos destructeurs sauvages.
Dispersés, affaiblis, et lassés désormais
Des maux qu’ils ont soufferts et des maux qu’ils ont faits.
Trémizène renaît, et va revoir son maître :
Sans sa fille, sans vous, le verrons-nous paraître ?
Vous avez dans ce fort entraîné ses soldats ;
Des esclaves d’Europe accompagnent vos pas ;
Ces chrétiens, ces captifs, le prix de son courage,
Dont jadis la victoire avait fait son partage.
Ont arraché Zulime à ses bras paternels.
Avec qui fuyez-vous ?
Ah ! reproches cruels !
Arrêtez, Mohadir.
Non, je ne puis me taire ;
Le reproche est trop juste, et vous m’êtes trop chère ;