Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/220

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Euryclès, à Mérope.

Je vous l'avais prédit :
Vous avez trop bravé son offre et son crédit.

Mérope

Je vois toute l'horreur de l'abîme où nous sommes.
J'ai mal connu les dieux, j'ai mal connu les hommes :
J'en attendais justice ; ils la refusent tous.

Euryclès 

Permettez que du moins j'assemble autour de vous
Ce peu de nos amis qui, dans un tel orage,
Pourraient encor sauver les débris du naufrage,
Et vous mettre à l'abri des nouveaux attentats
D'un maître dangereux et d'un peuple d'ingrats.


Scène IV

Mérope, Isménie.

Isménie 

L'état n'est point ingrat ; non, madame : on vous aime ;
On vous conserve encor l'honneur du diadème :
On veut que Polyphonte, en vous donnant la main,
Semble tenir de vous le pouvoir souverain.

Mérope

On ose me donner au tyran qui me brave ; 
On a trahi le fils, on fait la mère esclave !

Isménie

Le peuple vous rappelle au rang de vos aïeux ;
Suivez sa voix, madame ; elle est la voix des dieux.

Mérope

Inhumaine, tu veux que Mérope avilie
Rachète un vain honneur à force d'infamie ?


Scène V

Mérope, Euryclès, Isménie.

Euryclès 

Madame, je reviens en tremblant devant vous :
Préparez ce grand coeur aux plus terribles coups ;