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ACTE I, SCÈNE IV.


Scène IV.

ZULIME, ATIDE, RAMIRE, IDAMORE.
idamore.

Dans ce moment, madame, on vient vous assiéger.

atide.

Ciel !

atide.

On entend de loin la trompette guerrière ;
On voit des tourbillons de flamme, de poussière ;
D’étendards menaçants les champs sont inondés.
Le peu de nos ami^ dont nos murs sont gardés,
Sur ces bords escarpés qu’a formés la nature,
Et qui de ce palais entourent la structure,
En défendront l’approche, et seront glorieux
De chercher un trépas honoré par vos yeux.

ramire.

Dans ce malheur pressant je goûte quelque joie.
Eh bien ! pour vous servir le ciel m’ouvre une voie :
De vos peuples unis je brave le courroux ;
J’ai combattu pour eux, je combattrai pour vous.
Pour mériter vos soins je puis tout entreprendre ;
Et mon sort en tout temps sera de vous défendre.

zulime.

Que dis-tu ? contre un père ! arrête, épargne-moi.
L’amour n’entraîne-t-il que le crime après soi ?
Tombe sur moi des cieux l’éternelle colère,
Plutôt que mon amant ose attaquer mon père !
Avant que ses soldats environnent nos tours,
Les flots nous ouvriront un plus juste secours.
Mon séjour en ces lieux me rendrait trop coupable ;
D’un père courroucé fuyons l’œil respectable :
Je vais hâter ma fuite, et j’y cours de ce pas.

ramire, à Atide.

Moi, je vais fuir la honte, et hâter mon trépas.