Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/249

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Si le hasard heureux t'a fait naître d'un roi, 
Rends-toi digne de l'être en servant près de moi.
Une reine en ces lieux te donne un grand exemple ;
Elle a suivi mes lois, et marche vers le temple.
Suis ses pas et les miens, viens au pied de l'autel
Me jurer à genoux un hommage éternel.
Puisque tu crains les dieux, atteste leur puissance,
Prends-les tous à témoin de ton obéissance.
La porte des grandeurs est ouverte pour toi.
Un refus de perdra ; choisis, et réponds-moi.

Égisthe

Tu me vois désarmé, comment puis-je répondre ? 
Tes discours, je l'avoue, ont de quoi me confondre ;
Mais rends-moi seulement ce glaive que tu crains,
Ce fer que ta prudence écarte de mes mains ;
Je répondrai pour lors, et tu pourras connaître
Qui de nous deux, perfide, est l'esclave ou le maître ;
Si c'est à Polyphonte à régler nos destins,
Et si le fils des rois punit les assassins.

POLYPHONTE

Faible et fier ennemi, ma bonté t'encourage :
Tu me crois assez grand pour oublier l'outrage,
Pour ne m'avilir pas jusqu'à punir en toi
Un esclave inconnu qui s'attaque à son roi.
Eh bien ! Cette bonté, qui s'indigne et se lasse,
Te donne un seul moment pour obtenir ta grâce.
Je t'attends aux autels, et tu peux y venir :
Viens recevoir la mort, ou jurer d'obéir. 
Gardes, auprès de moi vous pourrez l'introduire ;
Qu'aucun autre ne sorte, et n'ose le conduire.
Vous, Narbas, Euryclès, je le laisse en vos mains.
Tremblez, vous répondrez de ses caprices vains.
Je connais votre haine, et j'en sais l'impuissance ;
Mais je me fie au moins à votre expérience.
Qu'il soit né de Mérope, ou qu'il soit votre fils,
D'un conseil imprudent sa mort sera le prix.