Don Pedre aux fers m’avait abandonnée,
Gaston de Foix veut m’enlever.
Je fuis de vos malheurs comme vous occupée ;
Malgré mon humeur gaie ils troublent ma raison ;
Mais un enlèvement, ou je fuis fort trompée,
Vaut un peu mieux qu’une prison.
Contre Gaston de Foix quel couroux vous anime ?
Il veut finir votre malheur ;
Il voit ainsi que nous Don Pedre avec horreur.
Un Roi cruel qui vous opprime,
Doit vous faire aimer un vengeur.
Je hais Gaston de Foix autant que le Roi même.
Eh pourquoi ? Parce qu’il vous aime ?
Lui, m’aimer ! Nos parents se font toujours haïs.
Belle raison !
Son père accabla ma famille.
Le fils est moins cruel, Madame, avec la fille ;
Et vous n’êtes point faits pour vivre en ennemis.
De tout temps la haine sépare
Le sang de Foix, et le sang de Navarre.
Mais l’amour est utile aux raccommodements.
Enfin dans vos raisons je n’entre qu’avec peine
Et je ne crois point que la haine
Produise les enlèvements.
Mais ce beau Duc de Foix que votre cœur déteste,
L’avez-vous vu, Madame ?
Au moins mon fort funeste,
À mes yeux indignés n’a point voulu l’offrir.
Quelque hasard aux siens m’a pu faire paraître.
Vous m’avouerez qu’il faut connaître
Du moins avant que de haïr.