Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/310

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GUILLOT

Je n’en sais rien.

SANCHETTE

Que veut dire un Alcade ?

GUILLOT

Je n’en fais rien.

SANCHETTE

D’où vient que mon père voulait
M’enfermer fous la clef ? d’où vient qu’il s’en allait ?

GUILLOT

Je n’en fais rien.

SANCHETTE

D’où vient qu’Alamir est près d’elle ?

GUILLOT

Eh, je le fais qu’elle est belle ;
Il lui parle à genoux, tout comme on parle au Roi ;
C’est des respects, des soins, j’en fuis tout hors de moi.
Vous en feriez charmée.

SANCHETTE

Ah, guillot, le perfide !

GUILLOT

Adieu ; car on m’attend, on a besoin d’un guide,
Elle veut s’en aller.

(Il sort. )

SANCHETTE

seule.

Puisse — t — elle partir,
Et me laisser mon Alamir !
Oh, que je fuis honteuse, dépitée !
Il m’aimait en un jour ; en deux, fuis — je quittée ?
Monsieur Hernand m’a dit que c’est là le bon ton.
Je n’en crois rien du tout. Alamir ! quel fripon !
S’il était sot et laid, il me ferait fidèle,
Et ne pouvant trouver de conquête nouvelle,
Il m’aimerait faute de mieux.
Comment faut — il faire à mon âge ?
J’ai des amants Constans, ils font tous ennuyeux,
J’en trouve un seul aimable, et le traître est volage.