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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/403

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ACTE I, SCÈNE II. : m

L’amour, ma nièce, est aveugle à ton Age, Non pas au mien. L’amour sans héritage, Triste et confus, n’a pas l’art de charmer. Il n’appartient qu’aux gens heureux d’aimer.

ADINE.

Vous pensez donc que, dans votre détresse. Pour vous, mon oncle, il n’est plus de maîtresse, Et que d’abord votre veuve Burlet En vous voyant vous quittera tout net ?

DARMIN.

Mon triste état lui servirait d’excuse. Souvent, hélas ! c’est ainsi qu’on en use. Mais d’autres soins je suis embarrassé ; L’argent me manque, et c’est le plus pressé.

SCENE IL

BLANFORD, DARMIN, ADINE.

BLANFORD.

Bon, de l’argent ! dans le siècle où nous sommes, C’est bien cela que l’on obtient des hommes ! Vive embrassade, et fades compliments. Propos joyeux, vains baisers, faux serments, J’en ai reçu de cette ville entière ; Mais aussitôt qu’on a su ma misère, D’auprès de moi la foule a disparu : Voilà le monde.

DARMIN.

Il est très-corrompu : Mais vos amis vous ont cherché peut-être ?

BLANFORD.

Oui, des amis ! en as-tu pu connaître ?

J’en ai cherché ; j’ai vu force fripons

De tous les rangs, de toutes les façons,

D’honnêtes gens dont la molle indolence

Tranquillement nage dans l’opulence,

Blasés en tout, aussi durs que polis,

Toujoui-s hors d’eux, ou d’eux seuls tout remplis ;

Mais des cœurs droits, des ûmes élevées.