434 LA PRUDE.
ADINE.
J’étais en Grèce, et le brave Blanford En ce pays me passa sur son bord. Je TOUS Pai dit deux fois.
DORFISE.
Une troisième A mon oreille est un plaisir extrême. Mais dites-moi pourquoi ce front charmant, Et si français, est coiffé d’un turban. Seriez-vous Turc ?
ADINE.
La Grèce est ma patrie.
DORFISE.
Qui l’aurait cru ? la Grèce est en Turquie ? Que votre accent, que ce ton grec est doux ! Que je voudrais parler grec avec vousl Que vous avez la mine aimable et vive D’un vrai Français, et sa grâce naïve ! Que la nature, entre nous, se méprit Quand par malheur un Grec elle vous fit ! Que je bénis, monsieur, la Providence Qui vous a fait aborder en Provence I
ADINE.
Hélas ! j’y suis, et c’est pour mon malheur.
DORFISE.
Vous, malheureux !
ADINE.
Je le suis par mon cœur.
DORFISE.
Ah I c’est le cœur qui fait tout dans le monde ; Le bien, le mal, sur le cœur tout se fonde ; Et c’est aussi ce qui fait mon tourment. Vous avez donc pris quelque engagement ?
ADINE.
Eh ! oui, madame ; une femme intrigante A désolé ma jeunesse imprudente ; Gomme son teint, son cœur est plein de fard ; Elle est hardie, et pourtant pleine d’art ; Et j’ai senti d’autant plus ses malices. Que la vertu sert de masque à ses vices. Ah ! que je souffre, et qu’il me semble dur Qu’un cœur si faux gouverne un cœur trop puri